• Mon état fait bien rire tout le monde. Pour mes collègues adorés, je suis « la femme idéale », c’est-à-dire celle qui ne parle pas. Au bar j’évite d’avoir à m’exprimer, or parfois c’est impossible. Alors je me penche sur le zinc et susurre dans l’oreille du client qui m’a demandé une bouteille d’eau : « naturelle ou pétillante ? ». Et là, les gens tout autour doivent vraiment croire que je lui fais une proposition indécente. Mes collègues m’ont d’ailleurs demandé d’arrêter de leur chuchoter ces choses à l’oreille, même s’il s’agit juste de leur dire que le dernier sandwich a été vendu, parce que ça leur donne des frissons… J’t’en donnerais moi des frissons, c’est un vrai handicap de ne pas pouvoir s’exprimer normalement !

    J’étais toute déprimée, alors avant-hier soir Andrea m’a proposé un ciné, parce que c’est le genre d’activité parfait pour quelqu’un qui ne peut pas parler. C’était gentil de sa part, sauf qu’à défaut de parler je tousse comme une dégénérée, d’où le recours à une solution de sauvetage : le DVD/pizza chez moi, sur mon lit, parmi les peluches. Nous avons revu ensemble Eternal sunshine of the spotless mind de Gondry, qui je le rappelle a été intitulé en italien « Si tu me quittes je t’efface ». J’ai alors commencé à me sentir envahie d’une grande tristesse, c’est dire, je n’arrivais même pas à finir mon ridicule verre de vin. Pauvre Andrea, il a dans doute passer une soirée top délire en ma compagnie. Qu’est-ce que je peux me détester lorsque je suis comme ça ! Les gens ne comprennent pas pourquoi je persiste à mener seule ma barque dans mes moments de blues, s’ils savaient… C’est pour les épargner !

    Quand j’irai mieux, je téléphonerai à mes amis (ils se comptent sur les doigts d’une main) pour leur proposer d’aller boire un verre. Et j’émergerai.

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  • Pise m'a laissée sans voix, donc, au propre comme au figuré. Ma toux s'est transformée en extinction de voix, pour la première fois de ma vie, et je peux vous assurer que c'est une sensation plus que désagréable. Cela fait maintenant trois jours que cela dure, c'est déprimant. Je suis incapable de prononcer la moindre parole et de me faire comprendre au téléphone, je vais demander à mes collègues du bar qu'ils prennent rendez-vous pour moi avec un médecin.
    C'est étrange, j'ai toujours dit qu'on ne pouvait vivre bien en Italie qu'en étant soit riche, soit en bonne santé, soit entouré. Jusqu'à présent je touchais du bois, or à présent, la roue a sérieusement tourné en ma défaveur sur ces trois points. Un nouveau signe pour m'annoncer qu'il est grand temps de rentrer ?

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  • Plusieurs personnes désireuses de s'expatrier en Italie m'ont demandé des conseils liés à mon expérience. Ca fait maintenant plus d'un an que j'habite à Rome, et il est vrai que j'ai une idée plus précise aujourd'hui de ce qui vous attend.
    Je pense qu'il faut un brin de folie pour venir, comme c'était mon cas à l'époque, parce qu'on en peut pas dire que la perspective d'une vie d'expatrié (venu de sa pleine initiative j'entends) en Italie soit des plus réjouissantes. A travers mon blog, j'ai souvent révélé une partie de moi très positive et volontaire : sachez que cela m'est un peu passé, que je suis aujourd'hui plus consciente des réalités, et que ce blog a consisté pricipalement en une auto-stimulation nécessaire pour aller de l'avant.

    Evidemment, mon parcours aurait été tout autre si j'avais exercé une profession dans l'ingéniérie, l'informatique ou le commerce, si j'avais été parfaitement bilingue dès mon arrivée, si j'avais connu un peu plus de monde pour m'aider avant de venir m'installer. Ceci dit, le "free syle" a du bon : je suis successivement rentrée dans la peau d'une enseignante, d'une serveuse, d'une photographe, d'un modèle, d'une barmaid... J'ai connu les joies de la complexité administrative italienne, de la précarité exacerbée, de la carence alimentaire. J'ai pris conscience de la valeur de l'argent, du confort du système social français (quand je pense qu'il y en a qui s'en plaignent) et de l'immense richesse culturelle de mon pays. J'ai aussi appris à mieux me connaitre, à savoir où se situent mes priorités et ce que j'ai vraiment envie de faire. Vivre à Rome était donc une sacrément bonne idée. Si je pouvais retourner en arrière avec la conscience des obstacles rencontrés, je le referais sans hésiter.

    Je n'ai donc qu'un seul conseil à donner : si vraiment un pays vous fait rever, allez-y. Mieux vaut se casser les dents là-bas plutot que demeurer dans la frustration de ne pas avoir osé. Et pour ce qui est de faire d'une expatriation une expérience réussie, je n'ai qu'une chose à ajouter : l'important est de garder les pieds sur terre. Ca aide à relativiser et ça permet de tirer des enseignements de tout ce que vous vivrez.


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  • J'ai trouvé une solution au dilemne. J'ai aussi enfin compris pourquoi je ne me sentais pas super bien dans ma peau dernièrement. En réalité, c'est en échangeant quelques mails avec ma meilleure amie à Paris que l'évidence m'est apparue, parce qu'il s'agit bien d'une évidence. Mon aventure romaine est une expérience, et elle a toujours eu pour but de me mettre à l'épreuve, de me faire grandir. Les échecs essuyés ici ne sont pas des vrais échecs, puisque c'est en se trompant qu'on comprend, et qu'on apprend à mieux se connaitre.


    Bref, je ne vais pas tourner autour du pot : j'ai décidé que l'aventure devait prendre fin. Avant la fin de l'été, je serai de retour à Paris parmi les miens. Je commencerai dès maintenant à chercher un travail qui me plaira et sera à la hauteur de mes compétences, pour pouvoir enfin m'épanouir professionnellement. Je vais devoir recommencer à zéro, retrouver un appartement, reconstruire mes relations avec mes amis qui m'auront un peu oubliée. Or ce n'est pas vraiment un problème pour moi, j'ai l'habitude maintenant.


    Vous etes déçus ? Vous me croyiez plus tenace ? Je ne suis pas idiote, je ne persisterai pas dans une voie sans issue. Et la bonne surprise, dans tout ça, c'est que les derniers mois à Rome seront sans aucun doute les plus fantastiques. Avec l'esprit libre, je sens que je vais en profiter !!! D'ici mon départ, je continuerai de tenir ce blog à jour le plus souvent possible et j'essaierai, c'est promis, de faire davantage de photos. Après tout, il deviendra pour moi une mine de souvenirs, une trace indélébile qui me rappelera, quand je serai grande, qu'à 25 ans j'ai eu du cran.
    (violons !)


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  • Pour conclure mon post précédent, que je viens de relire (mon dieu il est vraiment terrifiant, je demande à mes amis qu'ils me pardonnent...), juste une dernière parenthèses sur le duel vivre dans une ville qu'on aime / faire un travail qu'on aime.

    Il y a un site que je recommande à tous ceux qui auraient des envies d'expatriation, c'est celui du volontariat international (www.civiweb.com). Ca s'adresse exclusivement aux Français, et ça recèle d'annonces en tous genres pour des missions de 6 mois à 3 ans dans tous les pays du monde. Les salaires annoncés sont généralement hauts (1500 euros par mois un taf en Italie, champagne !), j'imagine qu'il y a du monde au portillon des candidats, c'est clair, souvent les offres font saliver. Et bien les rares fois où je trouve quelque chose en Italie, le poste est basé... à Milan ! Et oui, je me suis bel et bien planté d'endroit.
    L'autre jour, j'ai vu une annonce à laquelle je serais susceptible de postuler, pour une mission à Turin. Je n'y ai pas répondu, parce qu'en ce moment j'ai un taux d'énergie à ras la moquette, mais aussi parce que je me suis posé la sempiternelle question : dois-je postuler en dehors de la capitale, et pire encore, dans une ville qui ne m'attire pas du tout ?... C'est vraiment terrible d'etre à Rome : ça ressemble au paradis sur terre, mais il faudrait bouger ailleurs pour travailler.

    J'ai donc décidé aujourd'hui d'envisager cette possibilité.
    (Ouais enfin, c'est bien gentil tout ça, encore faut-il que je cherche un peu... ho ho pouet pouet)


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