Elle aussi habitait dans le quartier de Bastille, travaillait dans la communication, gagnait bien sa vie et allait souvent à Rome pour les vacances. Puis, comme moi, elle a eu un déclic et a décidé, après une rupture amoureuse, que c'était le bon moment pour sauter le pas. Elle a démissioné, libéré son appartement, dit au revoir à sa famille et à ses amis, fait ses valises et prit un aller simple pour Rome. Cette entrée en matière m'a tout de suite fait penser à mon propre parcours.
Sauf que contrairement à moi, elle avait un pied à terre à Rome, une cousine éloignée, qui s'était proposée de l'héberger le temps qu'elle trouve un emploi et un appartement. Dans ces conditions, difficile de refuser : cela permet de prendre son temps pour bien choisir un logement, de ne pas accepter n'importe quel travail, de se faire son trou et de s'inventer une vie conformément à ses rêves. C'était donc a priori un sérieux avantage.
Sauf que ladite cousine éloignée s'est avérée être une vraie conne, une trentenaire aigrie par la vie, déjà vieille fille, et envieuse de voir une jeune femme comme Déborah prendre de telles initiatives et mordre la vie à pleine dents. Elle lui a donc pourri la vie jusqu'à l'épuisement, rendant la cohabitation insupportable, à travers des attitudes peu orthodoxes : interrogatoire quotidien "tu vas où ? tu rentres quand ?", harcèlement pour lui soutirer de l'argent sous peine d'expulsion, envie non dissimulée de la renvoyer en France, etc. Résultat : la Déborah motivée et pleine de ressort que j'ai rencontrée, au fil de jour, a perdu son sourire et ses illusions.
Le coup de bambou final est arrivé hier soir, alors qu'elle sortait pour aller danser et se changer les idées. Non seulement elle a passé une très mauvaise soirée, mais pour couronner le tout on lui a volé son portefeuille.
Y voyant un signe du destin, Déborah a décidé de rentrer à Paris par le premier vol de demain matin.
J'ai donc bien conscience de la chance que j'ai eu en arrivant ici. Si ma cohabitation avec Luigi et Emanuele avait été l'enfer, et si je ne m'étais pas sentie entourée comme ça été le cas, mes débuts à Rome auraient été beaucoup plus difficiles. J'ai traversé des épreuves, connu des déceptions et des coups de blues, mais au moins, je me suis toujours sentie ici chez moi.
Triste pour elle, peut être qu'elle reviendras bientôt, I.N.D.E.P.E.N.D.A.N.T.E comme toi... Bisous Romain (fier de toi:-)