• En ce moment, dans le cadre du festival international de la photo de Rome, de nombreuses galeries, librairies et autres cafés accueillent une centaine d’expos en tout genre. Je suis assez friande de ce genre de manifestation, évidemment parce que j’adore la photo, mais aussi parce que cela permet toujours de découvrir une multitude de lieux exceptionnels et de mieux connaître la ville.

    J’avais déjà entamé un parcours que je m’étais imaginé par quartier, afin de râtisser un maximum d’expos de façon intelligente. Généralement, je ne regarde même pas de quoi ça parle, je ne fais pour ainsi dire aucune sélection : c’est de cette manière que l’on déniche des petites merveilles, inattendues. Après deux semaines d’arrêt maladie qui m’ont clouée à la maison, je décide hier de reprendre mon parcours. Zone ciblée cette fois-ci : pourquoi pas San Lorenzo ? C’est l’un des quartiers de Rome les plus populaires. Bastion de la contestation universitaire et sociale, il serait occupé par des ouvriers, des intellos progressistes, des artistes et des étudiants. J’y passe souvent, mais seulement la nuit, parce que le quartier regorge de petits bars et restos et que les rues, envahies par les jeunes Romains une fois le soir tombé, s’animent d’une joyeuse ambiance noctambule. Ainsi, bien que vivant à Rome depuis un an et demi, je n’ai jamais eu la moindre idée de ce qui se trame là en pleine journée : quartier mort ? Petits vieux ? Poussettes ? 

    J’ai été complètement séduite. Le quartier respire la vie, les rues sont calmes mais pas trop, les bâtiments sont jolis et colorés, il y a même un parc familial qui côtoie les magasins de disque. En suivant mon guide du festival de la photo, je me suis retrouvée à suivre des rues charmantes et peu fréquentées, menant vers des lieux comme j’aime en découvrir. Une galerie classique nichée au fond d’une cour dans laquelle cohabitent des artisans. Une galerie chic de style très épuré perchée au 5e étage d’un immeuble accessible seulement en grimpant à bord d’un monte-charge (vous savez, ces ascenseurs énormes dont les portes s’ouvrent comme celles d’un garage, ça fait très underground). Une maison de quartier proposant une expo visitable seulement en chevauchant les jeux pour enfants éparpillés au sol. Une galerie nouvelle génération avec tuyauterie visible au plafond, cave en vieilles pierres et déco minimaliste, dans le style du Palais de Tokyo à Paris. Un atelier d’impression photo grand format, avec planches de découpe énormes, rouleaux éparpillés à droite et à gauche, machines en tout genre et un canapé en plein milieu, pour s’asseoir deux minutes et observer les œuvres épinglées aux murs.

    Vous le comprendrez, j’ai complètement tripé. J’ai cru revenir à mes premiers pas à Rome, lorsque mes yeux émerveillés s’extasiaient à chaque nouveauté, à chaque découverte. J’ai eu l’impression de percer les secrets de ce quartier et de rendre hommage à ses beautés cachées. Il me reste que deux mois pour en découvrir encore plus, j’en salive d’avance.

    Photo de Sylviette


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