• Hier j’étais chez l’Arabe d’en-bas (qui est en fait un Indien). Il m’appelle « chérie » et me fait toujours une petite réduction. Il m’a demandé ce que je comptais faire pour les vacances, et j’ai été amenée à lui expliquer que pour moi il n’y en aurait pas, parce que je rentrais en France en juillet et qu’il fallait que je me remette au travail. Il semblait étonné et toute sa petite famille a commencé à faire un cercle autour de moi. Il est vrai que pour eux un retour au pays n’équivaudrait pas à la même chose, eux sont commerçants et pas vendeurs de roses comme 90% des Indiens à Rome. Un petit vieux qui passait a entendu la conversation : « Laissez-la, c’est normal qu’après les études elle ait envie de chercher du travail dans son pays, non ? ». J’ai expliqué rapidement que je n’étais pas étudiante, même si je donne l’impression d’avoir 22 ans, et qu’au contraire c’était de l’histoire ancienne. J’ai alors ajouté (les clients s’amassaient petit à petit autour de nous) que je ne croyais plus en l’Italie, que c’était un pays extraordinaire et fascinant, mais que j’étais déçue par la manière dont il est fonctionne.

    La veille, j'avais emprunté à Veronica son DVD "Viva Zapatero", documentaire italien dont j'avais beaucoup entendu parler lors de la sortie du "Caiman" de Nanni Moretti mais que je n'avais jamais eu l'occasion de voir. Je me suis pris de nouveau une bonne claque. La réalisatrice, Sabina Guzzanti, est un peu notre Pierre Carles français. Après avoir eu le courage, dans un pays dont la presse est muselée et controlée par les politiques, de lancer un programme télévisé satirique prenant notamment en dérision le gouvernement de Berlusconi, et après avoir vu son émission tout simplement annulée par la Rai et son nom bafoué par la presse elle-meme, Sabina Guzzanti s'est intéressée à savoir pourquoi la presse dite indépendante ne s'est jamais rebellée, comment dans un pays civilisé la politique peut exercer une telle pression à la vue de tous en toute impunitée, et pourquoi chez les voisins européens de l'Italie (notamment l'Angleterre, la France et l'Allemagne) la satire politique est aussi bien acceptée. Il faut tout de meme préciser que l'Italie est classée au 77e rang mondial en terme de liberté d'expression et de la presse, derrière des nombreux pays africains et sud-américains...
    Bref, ce film m'a passionnée et en meme temps dégoutée. Je me suis sentie très fière d'etre française, sentiment qui ne cesse de croitre depuis que je vis en Italie.


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  • C'est bien beau de vouloir s'improviser journaliste, encore faut-il etre capable d'écrire en français ! 

    Depuis que j’habite à Rome, j’ai du acheter quatre fois Le Monde, lire deux livres en français et voir trois films dans ma langue maternelle. Au début cela se comprend : on veut apprendre une langue étrangère d’urgence alors on se dédie exclusivement à celle-ci, quitte à comprendre la moitié. L’ennui est que l’on a toujours trois trains de retard sur l’actualité de son pays (ce sont les Italiens qui m’ont alertée sur les violences en banlieue parisienne l’automne dernier, et j’ai découvert seulement en août dernier que Villepin était passé premier ministre…), et on finit même par s’engluer sans sa propre langue. Au bout d’un an et demi d’expatriation, ce qui semble beaucoup mais reste encore très peu pour parler de déracinement, je me surprend à chercher mes mots, voire à insérer des italianismes à tout bout de champs dans une conversation française ! La vérité est que pendant un an j’ai très peu parlé français : je ne connaissais qu’une seule personne française que je voyais rarement, mes rapports électroniques avec mes amis se sont étiolés et je donnais rarement de mes nouvelles par téléphone. J’ai donc le cul entre deux chaises : je parle un italien d’un niveau avancé mais encore bourré d’erreurs, et j’ai mon niveau de français a légèrement régressé. Ca me fait une belle jambe ! 

    En France j’étais rédactrice-conceptrice (ou du moins j’essayais), j’étais correctrice de mon service et j’étais même censée garantir le respect de la langue française dans chacune des publications. Maintenant que j’ai coupé les ponts avec ça, heureusement qu’il y a le blog pour entretenir la machine. Parce que même lorsque j’écris des âneries, au moins je les écris en français ! Je structure mes phrases, je contrôle l’orthographe, je relis et tout et tout… Un vrai exercice quotidien !

    Il y a quelques jours, j’ai lu le commentaire d’une personne qui venait de découvrir mon blog et qui me complimentait sur ma façon d’écrire. Vous n’imaginez pas à quel point cela m’a réjouie ! Je conseillerais alors vivement à tous les expat’ français qui, comme moi, n’ont pas le courage de tenir un carnet de bord, d’ouvrir un blog. Cela permet de se maintenir en forme, d’immortaliser ses souvenirs et, mine de rien, de se défouler sans que ce soit pénible pour son entourage.


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  • Mon appareil photo numérique est une merde, comparé à ce qui se fait aujourd’hui sur le marché pour le même prix, et pourtant il fait de très belles photos d’extérieur. C’est un cadeau collectif qui m’a été offert par mes amis lorsque j’ai quitté Paris pour l’Italie, et j’y tiens comme à la prunelle de mes yeux. Je l’emmène d’ailleurs souvent avec moi, tous les prétextes sont bons pour canarder.

    Dimanche dernier, en transférant les photos de la journée sur mon ordinateur (qui est lui aussi mon allié le plus précieux), j’ai réalisé que j’avais accumulé plus de 3000 photos depuis qu’a débuté mon aventure romaine. Et oui, 3000. Disons que cela comprend un tiers d’idioties, du style fêtes, bouffes entre amis, objets souvenirs, moments insignifiants (et pourtant tellement importants), parfois même ma propre pomme, histoire de me rappeler la tête que j’avais pendant cette année et demi hors du temps. Puis il y a tout le reste : les beautés et curiosités de Rome, mes voyages en Italie, des visages, des recoins, et même des tranches d’histoire, telles que la mort de Jean-Paul II, l’élection de Ratzinger, le basculement du gouvernement berlusconien…J’en ai un peu dévoilé dans ce blog, mais ce n’est rien par rapport à tout ce qu’il y a dans ma tête et dans mon mac.

    J’en ai parlé hier avec Elodie et Alessandro : pourquoi je n’essaierais pas d’écrire tout ça ?

    Avec humilité, et je peux vous dire qu’il y en a après ce que j’ai vécu ici, je vais me lancer dans l’écriture synthétique de mes aventures romaines, sous la forme de reportage témoignage. Il est clair que ça ne va pas etre de la tarte, mais l'idée est assez stimulante. J’essaierai ensuite de le vendre à des revues féminines et de société, pourquoi pas des magazines sur l'Europe, parce que dans peu de temps j’aurai besoin d’argent et j’ose espérer que si mon blog a intéressé quelques personnes, une version papier peut également attirer des lecteurs.

    Un projet trop ambitieux ? Bah... Si je me plante, j’aurai au moins fait l’effort d’écrire pour moi.


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  • Qu’est-ce que j’apprends ? Mathieu ne sait plus s’il quitte Rome cet été ou… dans un an ?

    Hier soir, au cours d’une petite soirée tranquille dans un bar de San Lorenzo, Mathieu a l’air sceptique. Ses deux amis français, de passage pour quelques jours, l’ont un peu travaillé pour lui faire comprendre qu’il devait rester. Comment peut-on faire changer d’avis quelqu’un en aussi peu de temps, et de manière aussi radicale ? 

    Tout simplement parce que le Mathieu, et bien il a envie de rester. Il adore Rome, il trouve que la vie y est incontestablement plus belle et il s’y sent dans son élément, d’ailleurs il renoue ainsi avec ses origines lointaines italiennes. Bon point en ce qui concerne le bien-être personnel. Puis il s’est entouré d’un bon groupe de potes, il s’est même fortement lié avec certaines personnes, les quitter lui arracherait le cœur. On est ok sur le plan affectif. Alors quoi ? Ben c’est le boulot : il bloque. Il n’a pas trouvé ce qu’il voulait, il est déçu, il a décidé de retourner dans sa mairie à Villetaneuve. Joli contraste non ? 

    Ce que je viens de décrire pourrait s’appliquer à moi. A la seule différence que Mathieu, lui , est arrivé un an après moi, son expérience terrain est encore bien fraîche. N’ai-je pas eu mes premières opportunités professionnelles intéressantes au bout d’un an ? Autre différence, et là tous ceux qui rêvent d’une expatriation vont s’arracher les cheveux : le Mathieu jouit en réalité d’un congé sabbatique, prolongeable s’il le souhaite d’un an supplémentaire, avec garantie de retrouver son emploi à la sortie… Alors, Rome ou Villetaneuve ?

    Il a encore tant à voir et à découvrir, j’espère qu’il va rester. Même si je me faisais une joie de le retrouver dans mes parages cet été.

    Photo de Sylviette


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  • Cette période maladie s'est avérée une vraie cure de désintoxication en fait. Perdre la voix m'a coupé l'appétit, avoir mal partout m'a enlevé l'envie de piccoler, tousser m'a musclé les abdos... Maintenant que ça va mieux, je me sens plus légère. Après en avoir bavé, me voici prete à attaquer les deux prochain mois... de vacances ! Et oui, au risque de vous choquer, je suis bien décidée à consacrer mes derniers jours de vie romaine à la glandouille totale, entrecoupée de sorties, bonnes bouffes, journées à la plage et futilités en tout genre. Je me lèverai à midi tous les jours, je passerai mes après-midi à faire des photos, le soir j'irai bosser deux ou trois heures au bar (il faut bien les payer les bières au pub) et après j'irai écumer les derniers bars ou clubs que je ne connais pas encore. Des vacances, donc, bien que ce ne soit pas la chose la plus raisonnable pour quelqu'un qui devra bientot chercher un travail, un appart, changer de vie une nouvelle fois...

    Je ne sais pas si je l'ai déjà dit, mais je compte quitter Rome début juillet. J'ai encore un mic-mac à gérer en ce qui concerne le rapatriement des mon bazar personnel, mais ça va, je suis plutot sereine. Après ma vie prendra une toute autre direction, un tout autre sens. C'est donc armée de cette conscience que la vie est trop courte et qu'il faut profiter de chaque expérience s'offrant à nous que je m'accorderai le plein droit, pendant ces deux mois qui me restent, de ne penser qu'à moi.


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