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Dans la série "je n'en peux plus de triper", j'ai passé hier l'après-midi à la mer. Il y avait encore très peu de monde, le ciel était limpide parce que le vent dégageait tous les nuages vers Rome, j'étais en maillot sur ma serviette et j'avais chaud, sans que ce ne soit jamais désagréable. Plus tard, je suis arrivée au théatre en tongues, mes Converses à la main, et j'ai pris un malin plaisir à mettre du sable partout dans le garde-boissons du bar.
Je continue de me lever à midi, c'est le matin que je dors le mieux. Je n'en éprouve aucun scrupule, parce que je profite bien de mes après-midis et que je sors tous les soirs. Je me suis rendue compte dernièrement à quel point j'aime la bière, ce n'est pas très classe mais ça a le mérite de satisfaire ma grande soif.
Aujourd'hui la petite serveuse colombienne (ou mexicaine ?) du bar près de chez moi m'a demandé si je parlais l'espagnol. Je viens souvent prende mon café chez eux, ils ont l'abitude de voir ma tete de bridée, et pourtant ils ont cru que j'étais sud-américaine. On a discuté, je me suis alors fait la remarque que cette nana pourrait très bien devenir une amie.
En ce moment il pluviotte sur Rome, mais le climat est de type tropical. Ainsi le soir il fait encore chaud, les terrasses sont bondées, c'est vraiment mon moment préféré de l'année. Un seul détail à revoir : fermer la bouche quand je suis extasiée.
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En ce moment, dans le cadre du festival international de la photo de Rome, de nombreuses galeries, librairies et autres cafés accueillent une centaine d’expos en tout genre. Je suis assez friande de ce genre de manifestation, évidemment parce que j’adore la photo, mais aussi parce que cela permet toujours de découvrir une multitude de lieux exceptionnels et de mieux connaître la ville.
J’avais déjà entamé un parcours que je m’étais imaginé par quartier, afin de râtisser un maximum d’expos de façon intelligente. Généralement, je ne regarde même pas de quoi ça parle, je ne fais pour ainsi dire aucune sélection : c’est de cette manière que l’on déniche des petites merveilles, inattendues. Après deux semaines d’arrêt maladie qui m’ont clouée à la maison, je décide hier de reprendre mon parcours. Zone ciblée cette fois-ci : pourquoi pas San Lorenzo ? C’est l’un des quartiers de Rome les plus populaires. Bastion de la contestation universitaire et sociale, il serait occupé par des ouvriers, des intellos progressistes, des artistes et des étudiants. J’y passe souvent, mais seulement la nuit, parce que le quartier regorge de petits bars et restos et que les rues, envahies par les jeunes Romains une fois le soir tombé, s’animent d’une joyeuse ambiance noctambule. Ainsi, bien que vivant à Rome depuis un an et demi, je n’ai jamais eu la moindre idée de ce qui se trame là en pleine journée : quartier mort ? Petits vieux ? Poussettes ?
J’ai été complètement séduite. Le quartier respire la vie, les rues sont calmes mais pas trop, les bâtiments sont jolis et colorés, il y a même un parc familial qui côtoie les magasins de disque. En suivant mon guide du festival de la photo, je me suis retrouvée à suivre des rues charmantes et peu fréquentées, menant vers des lieux comme j’aime en découvrir. Une galerie classique nichée au fond d’une cour dans laquelle cohabitent des artisans. Une galerie chic de style très épuré perchée au 5e étage d’un immeuble accessible seulement en grimpant à bord d’un monte-charge (vous savez, ces ascenseurs énormes dont les portes s’ouvrent comme celles d’un garage, ça fait très underground). Une maison de quartier proposant une expo visitable seulement en chevauchant les jeux pour enfants éparpillés au sol. Une galerie nouvelle génération avec tuyauterie visible au plafond, cave en vieilles pierres et déco minimaliste, dans le style du Palais de Tokyo à Paris. Un atelier d’impression photo grand format, avec planches de découpe énormes, rouleaux éparpillés à droite et à gauche, machines en tout genre et un canapé en plein milieu, pour s’asseoir deux minutes et observer les œuvres épinglées aux murs.
Vous le comprendrez, j’ai complètement tripé. J’ai cru revenir à mes premiers pas à Rome, lorsque mes yeux émerveillés s’extasiaient à chaque nouveauté, à chaque découverte. J’ai eu l’impression de percer les secrets de ce quartier et de rendre hommage à ses beautés cachées. Il me reste que deux mois pour en découvrir encore plus, j’en salive d’avance.
Photo de Sylviette
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Cette période maladie s'est avérée une vraie cure de désintoxication en fait. Perdre la voix m'a coupé l'appétit, avoir mal partout m'a enlevé l'envie de piccoler, tousser m'a musclé les abdos... Maintenant que ça va mieux, je me sens plus légère. Après en avoir bavé, me voici prete à attaquer les deux prochain mois... de vacances ! Et oui, au risque de vous choquer, je suis bien décidée à consacrer mes derniers jours de vie romaine à la glandouille totale, entrecoupée de sorties, bonnes bouffes, journées à la plage et futilités en tout genre. Je me lèverai à midi tous les jours, je passerai mes après-midi à faire des photos, le soir j'irai bosser deux ou trois heures au bar (il faut bien les payer les bières au pub) et après j'irai écumer les derniers bars ou clubs que je ne connais pas encore. Des vacances, donc, bien que ce ne soit pas la chose la plus raisonnable pour quelqu'un qui devra bientot chercher un travail, un appart, changer de vie une nouvelle fois...
Je ne sais pas si je l'ai déjà dit, mais je compte quitter Rome début juillet. J'ai encore un mic-mac à gérer en ce qui concerne le rapatriement des mon bazar personnel, mais ça va, je suis plutot sereine. Après ma vie prendra une toute autre direction, un tout autre sens. C'est donc armée de cette conscience que la vie est trop courte et qu'il faut profiter de chaque expérience s'offrant à nous que je m'accorderai le plein droit, pendant ces deux mois qui me restent, de ne penser qu'à moi.
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Mon état fait bien rire tout le monde. Pour mes collègues adorés, je suis « la femme idéale », c’est-à-dire celle qui ne parle pas. Au bar j’évite d’avoir à m’exprimer, or parfois c’est impossible. Alors je me penche sur le zinc et susurre dans l’oreille du client qui m’a demandé une bouteille d’eau : « naturelle ou pétillante ? ». Et là, les gens tout autour doivent vraiment croire que je lui fais une proposition indécente. Mes collègues m’ont d’ailleurs demandé d’arrêter de leur chuchoter ces choses à l’oreille, même s’il s’agit juste de leur dire que le dernier sandwich a été vendu, parce que ça leur donne des frissons… J’t’en donnerais moi des frissons, c’est un vrai handicap de ne pas pouvoir s’exprimer normalement !
J’étais toute déprimée, alors avant-hier soir Andrea m’a proposé un ciné, parce que c’est le genre d’activité parfait pour quelqu’un qui ne peut pas parler. C’était gentil de sa part, sauf qu’à défaut de parler je tousse comme une dégénérée, d’où le recours à une solution de sauvetage : le DVD/pizza chez moi, sur mon lit, parmi les peluches. Nous avons revu ensemble Eternal sunshine of the spotless mind de Gondry, qui je le rappelle a été intitulé en italien « Si tu me quittes je t’efface ». J’ai alors commencé à me sentir envahie d’une grande tristesse, c’est dire, je n’arrivais même pas à finir mon ridicule verre de vin. Pauvre Andrea, il a dans doute passer une soirée top délire en ma compagnie. Qu’est-ce que je peux me détester lorsque je suis comme ça ! Les gens ne comprennent pas pourquoi je persiste à mener seule ma barque dans mes moments de blues, s’ils savaient… C’est pour les épargner !
Quand j’irai mieux, je téléphonerai à mes amis (ils se comptent sur les doigts d’une main) pour leur proposer d’aller boire un verre. Et j’émergerai.
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