• Je suis fan de sushis et je crois l'avoir assez dit.


    Hier, après en avoir parlé avec des potes au Bros, l'envie de m'a pas quittée jusqu'au soir. J'ai donc traîné Luigi dans un resto japonais que j'avais déjà testé et qui s'était avéré très bon. 

    La serveuse nous installe à une table basse, celle autour de laquelle on a l'air assis en tailleur, mais qui est en fait un trompe l'oeil vu que l'on a les jambe qui pendant dans le vide. A côté de nous, un couple. Ils semblent avoir fini puisqu'ils se lèvent et quittent la table, sac et veste sous le bras. Et là, mes yeux bloquent direct sur leur assiette : elle est encore presque pleine de sushis et autres makis a l'aspect délicieux.




    Ce genre de situation me rend folle. Comment peut-on laisser des mets aussi précieux ? Comment peut-on en être rassassié ? C'est inhumain, et en plus ça coûte tellement cher !

    Je regarde Luigi d'un air horrifié, et lui comprend aussitôt : on ne peut pas laisser faire pareille calomnie. J'insiste pour qu'il me déroble un sushi au thon, mais lui ne le sent pas trop. Ca ne se fait pas, il y a des gens autour de nous, c'est très mal élevé. Mais j'insiste tellement qu'il cède et m'attrappe le précieux aliment. Personne ne semble nous avoir vus, alors il en prend un autre pour lui. Après tout, quel mal y a t-il à cela ? C'est toujours ça de moins à jeter à la poubelle !

    Luigi remarque alors que le couple a oublié un pull près de la table. Nous appelons la serveuse, pour le lui signaler, et elle nous répond : ce pull n'a pas a été oublié, les clients sont juste sortis... pour fumer une cigarette ! Et oui, en Italie, on ne peut plus fumer dans les lieux de ce type...




    Vous imaginez le coup de bambou. Je me suis sentie très mal, comme si j'avais volé (ce qui était le cas finalement) le repas de ces pauvres gens... Luigi rigole, moi beaucoup moins... Comment peut-on sortir et laisser pareilles merveilles dans son assiette, comme si de rien n'était ? Les gens n'ont donc pas peur ?...

    Heureusement, à leur retour, les clients ne se sont rendus compte de rien. Ils ont continué à manger un peu, sans même finir leur assiette.




    Moralité : c'est bien d'avoir des passions, à condition qu'elles n'empêchent pas les bonnes manières.

    Moralité 2 : Sylviette, il conviendrait à l'avenir de choisir une passion moins onéreuse !

    En tout cas c'est promis, je ne recommencerai plus.


    Photo de Sylviette

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  • Bon sang, j'ai une patate d'enfer !


    Je suis ravie de me lever, d'aller travailler, et je me délecte d'avance de tous les bons moments qui m'attendent aujourd'hui.

    Je sais que mes clients préférés viendront au resto. Que mon chef ne sera pas là et que je pourrai me faire plaisir, tout en travaillant bien. Que mon collègue va me faire rigoler, et qu'il y aura toujours au bar un nouveau pélerin avec qui causer. Que je vais glander au campo dei fiori, sous le soleil, en attendant d'aller chez les enfants. Qu'ensuite Pietro va me réciter sa poésie et que je vais regarder un peu les dessins animés avec lui. 




    Des fois je me dis que j'ai atteint le summum, mais je ne voudrais pas exagérer. Et puis en octobre tout cela va changer, vu que j'ai décidé de passer à autre chose. Alors en attendant, j'en profite à fond.

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  • Juste une parenthèse sur mon boulot de "baby sitter", que je devrais ranger au placard à la fin de la semaine.
    Pour résumer la situation, j'ai décidé de ne plus suivre Pietro et Natalie cette année. Je pense que je ne suis pas taillée pour un job de ce type (je suis aussi à l'aise avec les enfants qu'avec les animaux), de plus j'estime que c'est peu pratique et incompatible avec une activité à plein temps (mon objectif).
    Par contre, le temps que leur maman trouve une remplaçante, j'ai accepté de venir tous les soirs jusqu'à octobre afin de les aider à faire leurs devoirs. J'en ai profité pour négocier un plus gros salaire, ce qui devient au final une bonne affaire.


    Seulement, j'avais négligé un détail : les gamins vont me manquer. Hier, leur mère m'a redemandé si j'étais sure d'arreter, parce que Pietro risque de mal le vivre. C'est vrai que je l'aime bien ce gosse. L'autre jour, je suis allée le chercher à l'école pour la première fois (l'employé de maison n'était exceptionnellement pas disponible...), et lorsqu'il m'a pris la main pour faire le trajet, c'est comme si je me transformais en adulte. Cela m'a fait une sensation bizarre, c'était la première fois que ça m'arrivait : en général, les enfants et moi ça fait deux... Idem quand je l'ai emmené prendre le métro : j'avais l'impression de l'emmener à Disneyland ! Pour lui c'était nouveau, d'habitude il y a toujours quelqu'un qui vient le chercher en voiture. Alors moi j'étais toute émue, comme une idiote.


    Cela confirme ce que je pense de toutes les expériences, aussi incongrues et insignifiantes soient-elles, que j'ai vécu ici à Rome. Elle m'ont enseigné un tas de chose, m'ont ouvert les yeux et l'esprit. Avoir travaillé avec des enfants, notamment, m'aura appris à mieux me connaitre.


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  • Je suis toute contente, j'ai décroché le boulot le plus sympa qui puisse exister. Jamais je n'aurais pu imaginer bifurquer sur une activité de ce genre, et pourtant, je ne rêve pas : je viens d'être engagée comme photographe en free lance.<?xml:namespace prefix = o />Bon, ça sera pas du grand art, de l'esthétisme léché ou de la créativité de première catégorie. Pour être plus précise, je vais photographier des participants lors de séminaires de coatching, afin de créer un diaporama qui leur sera remis comme cadeau souvenir. Un job facile, divertissant, et surtout très agréable : les stages auront lieu dans des domaines à la campagne, avec nuit en auberge rustique et bonnes bouffes à la clé. Pour couronner le tout, les missions seront super bien payées : avec le prochain séminaire, qui s'étalera sur deux jours, je me déchargerai d'un mois de loyer. Le détail sympa de toute cette histoire est que j'ai rencontré les dirigeants de cette boîte...en leur servant à manger au Bros ! En fait, leurs bureaux sont juste à côté du resto, et ils ont décidé un beau jour de venir manger chez moi. Ca leur a beaucoup plu, ils sont retournés plusieurs fois et nous avons sympathisé. Quand ils ont su mon parcours, ils m'ont tout de suite demandé si ça m'intéressait de bosser avec eux. Vous imaginez bien que je n'ai pas rechigné, nous nous sommes donc vu aujourd'hui pour en parler, et hop, me voilà engagée pour couvrir leur prochain séminaire !

    Cela confirme ce que je pense de l'importance du relationnel dans la société italienne. Je me dis que j'ai de la chance d'avoir cette mentalité sociable, de parler facilement aux gens et de ne pas être trop timide. Parce qu'ici, il suffit parfois d'un sourire pour se créer de belles opportunités.


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  • En dépit de mon mal de dent, qui a fini par une visite aux urgences le vendredi matin, le week-end a pris une bonne tournure.


    Vendredi soir, nous avons fêté l'anniversaire d'Alessandro. Vous savez, c'est le copain romain d'Elodie, la Française venue en Italie par amour pour lui. 

    Alessandro compte beaucoup pour moi, notamment parce que c'est l'une des premières personnes que j'ai rencontrées à Rome, et le seul que je vois encore (les autres se sont bizarrement envolés dans la nature). Aussi parce qu'il n'a jamais hésité à me filer un coup de main quand j'étais dans la merde (par exemple en me prêtant de l'argent) ou quand je ne pouvais pas me déplacer (c'est lui qui a visité mon appartement à ma place, un samedi matin à l'aube, alors que j'étais encore en France). Bref, quelqu'un de profondément généreux et altruiste, à qui je dois beaucoup. 

    Le dîner organisé par Elodie à son insu avait lieu dans un resto assez trash, mais tout le monde s'en fichait parce qu'Alessandro semblait heureux. Et ça suffisait largement.




    Le lendemain, c'était au tour de Luigi de prendre un an de plus. Fête surprise était au programme, avec moi aux commandes pour créer toutes les diversions nécessaires au bon déroulement de la supercherie. 

    Une fête surprise, ça n'a l'air de rien comme ça, et pourtant c'est un vrai casse-tête d'organisation ! Il faut récupérer les numéros de tous les amis de la victime, trouver le juste moment pour les appeler (ce qui n'est pas évident, quand on est souvent avec la victime), faire en sorte que personne ne crache le morceau mais que tout le monde ait une bonne excuse pour avoir autre chose à faire le soir de la fête, trouver des scénarios, etc. C'était rigolo car très gros : j'emmenais Luigi à un dîner en amoureux dans un endroit secret, tellement secret d'ailleurs que j'ai exigé qu'il ait les yeux bandés afin de ne pas voir le trajet, qui consistait en vérité à faire trois fois le tour de la rue avant d'aller chez la copine qui prêtait son appart, à 500 mètres de chez nous... Luigi a pourtant tout gobé, jusqu'au moment où monter à pied les cinq étages menant à l'appartement lui a paru un peu louche...

    Quand il a ouvert les yeux, ses amis les plus proches l'attendaient là, et je crois que c'est l'un des plus beaux cadeaux que l'on puisse offrir à quelqu'un.


    Photo de Sylviette

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