• Depuis quelques jours, suite à une réflexion anodine que l'on m'a faite, j'ai conscience d'une réalité pas très enthousiasmante : je n'ai pas beaucoup d'amis ici. Je dirais même que je suis un peu seule. 


    J'ai toujours été très entourée, d'amis de 20 ans, de 8 ans, de 3 ans... Mais il est vrai que depuis que j'ai bougé en Italie, le répertoire de mon téléphone portable est désespérément maigre. J'en connais qui me diront : Mais non, qu'est-ce que tu racontes, tu sors presque tous les soirs, tu connais maintenant un paquet de monde, les gens qu'on te présente t'apprécient et demandent de tes nouvelles, etc.

    Oui mais justement. Les gens que je connais sont soit des amis de mes colocs, que je vois de temps en temps lorsqu'ils viennent à la maison ou qu'on sort tous ensemble, mais jamais seule de mon côté (ce qui me paraît normal, vu que ce ne sont pas MES amis). Soit des gens rencontrés au fil de mes jobs (notamment les gars du bar), avec qui je m'entends bien mais qui ne m'appellent à vrai dire que pour le boulot et pas pour papoter ni boire un verre. Ah oui j'oubliais : il y a aussi les garçons que j'ai rencontrés par hasard ou que l'on m'a présentés, avec lesquels j'ai sympathisé, mais qui ont finalement manifesté un intérêt pour moi d'une autre nature, et que j'ai cessé de fréquenter de peur de les froisser par un refus trop net.  

    Donc mes seuls amis ici : Vio et Raph, ainsi qu'Elodie et Alessandro. Deux couples, qui ont leur vie de couple et que je fréquente sans abuser.




    Je sais que c'est déjà pas mal. Que je ne suis là que depuis 6 mois et que, de toutes façons, mes vrais amis sont en France et pensent encore à moi (du moins je crois). N'empêche que je me retrouve un peu seule, et ce ne sont pas les multiples nouvelles têtes que je vois chaque semaine (car du monde j'en rencontre, surtout en bossant dans un restaurant) qui vont devenir des gens que je reverrai par la suite. Buh, quelle misère !...




    Mon tempérament de feu n'a cependant pas dit son dernier mot. Je suis maintenant décidée à faire de nouvelles connaissances, des filles notamment (car avec les mecs il y a hélas toujours une ambiguité, ça va, j'ai assez donné), avec lesquelles je pourrais bien m'entendre et, pourquoi pas, me lier. Hmmm, mais comment faire.... Pister les assos culturelles, les ciné-clubs, m'inscrire à un sport (mon dieu quelle horreur), aller sur internet, sortir seule en boîte (gloups... faut-il vraiment en arriver là...), alpaguer les jeunes dans la rue ?... Vu que je ne cherche pas à rencontrer des Français, la tâche est d'autant plus corsée... Mais j'y arriverai ! 

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  • Après réflexion, j'ai décidé d'accepter la proposition de monsieur le chef de famille, à savoir travailler pour lui. Aujourd'hui je m'occupe de ses enfants, en septembre je deviendrai sa secrétaire personnelle, son intendante de famille. Et oui, c'est un métier !


    Après tout, je n'ai pas grand chose à perdre. Disons que c'est une forme d'étape qui s'intègre à merveille dans l'échelle de ma fulgurante ascension professionnelle à Rome ! Je passerai d'un boulot divertissant mais sans "valeur-ajoutée CV" (serveuse, je le rappelle) à un job administratif plus formateur et plus complet : un peu de secrétairiat par ci, un peu de compta par là, en français, en italien, en anglais... 


    J'ai donc dit à Monsieur que sa proposition m'intéressait et que j'aimerais bien faire une semaine d'essai/formation d'ici le mois d'août, pour voir si ça nous convient, aussi bien à lui qu'à moi. J'ai surtout hâte de savoir combien ce sera payé. Il ne s'est pas avancé tout de suite sur le tarif (j'imagine qu'il ne veut pas me donner autant qu'à la secrétaire qu'il emploie depuis 35 ans... ce qui me paraît normal...), mais il avait l'air de dire que c'était suffisant pour vivre (alors que c'est un mi-temps). J'ai ma petite idée sur mes prétentions salariales à moi, j'espère que ce qui me proposera ne s'en éloignera pas trop...


    Maintenant j'attends de savoir quand sera cette semaine d'essai. 


    L'idée d'arrêter le job de serveuse me fait un peu chier, mais je crois qu'à un moment donné il faut avancer.

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  • Je me pose parfois quelques questions. Cela fait maintenant 5 mois que je suis là, à Rome. J'ai un peu la vie que j'ai toujours souhaitée, à part l'argent, mais ça n'est finalement pas bien grave, étant donné les compensations (plaisir de vivre, insouciance, sentiment de légèreté...).
    Or je me demande parfois si je peux (si j'ai le droit ?) de continuer comme ça longtemps. Je ne me pose aucune question sur mon avenir, je n'assure pas mes arrières, je saute sans parachute.
    C'est bien joli de na pas avoir de scrupule à faire la serveuse, la baby-sitter ou la vendeuse. Seulement, ne vais-je pas me casser les dents si je dois un jour rentrer en France et reprendre un métier qui m'intéresse vraiment ? J'ai bien dit : SI je dois rentrer en France... Car ce n'est pas dit.


    Bon, je reconnais que ce genre d'interrogations surgit généralement pendant quelques secondes, avant de laisser place à un hédonisme bien gras et bien baveux. Ma situation me satisfait tellement que ça fait peur à mes parents (et ta retraite ? tu as pensé à ta retraite ? comment tu vas faire si tu continues de bosser au black comme ça ?...). Je n'ai jamais aussi bien bouffé, piccolé et dormi, j'ai l'impression d'avoir tout ce dont j'ai toujours rêvé.
    Mais en septembre, dois-je continuer ma vie de fainéante ? Ne suis-je pas en train de me ramollir le cerveau et de me laisser aller à la facilité ?... Ma meilleure amie m'a dit une fois, alors que j'avais démissionné d'un appartement en banlieue parisienne pour m'installer dans la capitale, qu'elle était fière de mon esprit volontaire et de ma coriacité. Mais que ça lui faisait quand même un peu peur parce que je finissais toujours par me lasser d'une situation personnelle, et qu'il fallait toujours que j'aille chercher encore plus loin. En gros, que j'étais incapable de me satisfaire de ce que j'avais. Et c'est un peu vrai, puisque après la banlieue, après Paris, c'est Rome que j'ai voulue. Quelle sera la suite ? L'Asie, l'Australie, la lune ?


    Rassurez-vous, ma phase de « contentement » risque de durer un peu plus longtemps cette fois-ci. J'ai l'impression d'être une gamine de 8 ans lâchée dans un immense parc d'attraction. Si un jour me vient l'envie de partir, c'est parce que Rome n'aura plus de secret pour moi. Et croyez-moi, ce n'est pas demain la veille.


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  • Donc je l'ai revue. Elle n'a beaucoup changé finalement, pas du tout même. Elle avait juste l'air mille fois mieux dans sa peau... serait-ce l'effet de l'Italie ? Elle et à Rome depuis maintenant plus d'un an, et ça a changé sa vie. Elle a du se bouger les fesses, s'ouvrir aux autres et du coup elle a pris confiance en elle. Rien à voir avec la nana renfermée et toute compliquée que j'ai connue il y a 10 ans.
    J'ai toujours été relativement bien dans ma peau, donc je ne peux pas vraiment me comparer à elle, mais c'est vrai que le fait d'être ici a changé pas mal de choses dans ma façon d'être.

    Quand je suis venue pour la première fois à Rome il y a 3 ans (et ça je m'en rappellerai toute ma vie), j'étais seule avec mon sac à dos. Une folie, qui m'avait value les foudres de mes parents (bien qu'à l'époque je n'habitais déjà plus chez eux) et qui m'avait fait passer pour une héroïne auprès de mes plus chers amis. Je m'étais sentie investie par un étrange sentiment de liberté, complètement nouveau, et j'avais vécu des choses que jamais je n'aurais pu vivre en France.
    Pourquoi ? Parce qu'en France j'étais inhibée par tout ce que les mœurs et l'éducation nous interdisent de faire. Ne parle pas aux inconnus. Ne fais pas de stop. Ne prends pas le train après 22h. Ne fonce pas chez le premier venu. Des recommandations qui ont évidemment beaucoup de sens (et je les redirai à mes enfants), mais qui ont tendance à bloquer les gens. On a peur de passer pour un idiot, un inconscient, un irresponsable, alors on se comporte comme on devrait, et on étouffe nos envies.
    Donc une fois arrivée en Italie, seule, libérée du regard des autres et animée par l'envie de vivre des choses exceptionnelles, je me suis complètement lâchée. J'ai rencontré des mecs, j'ai dormi chez des inconnus, je me suis faite invitée moult fois à boire un verre ou à dîner, je me suis même retrouvée quelques jours à Naples dans l'appartement de trois militaires qui m'ont fait découvrir la région en moto. Je reconnais que j'ai eu beaucoup de chance que tout se soit passé aussi bien, parce que je ne suis tombée que sur des personnes bienveillantes. En tant que nana toute seule, des « incidents » auraient pu vite arriver, et j'aurais été bien dans la merde. Mais j'ai une bonne étoile, un instinct protecteur peut-être. Et j'ai réalisé que je n'avais jamais vraiment vécu avant.

    Bref, tout ça pour dire que cette nana, avec qui j'ai passé la soirée hier, a ressenti un peu cette même liberté en arrivant ici. En tant que Française débarquant seule dans un pays étranger, elle s'est sentie d'une part un peu perdue et obligée de ne compter que sur elle-même, donc plus forte, d'autre part détachée du regard des autres et libre de faire ce qu'elle voulait, sans peur d'être jugée. C'est sans doute la plus grande liberté qui soit.
    Je reconnais alors que, malgré notre pauvreté « matérielle », nous sommes des vraies privilégiées de ce monde..


    Photo de Sylviette


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  • Hier j'ai eu envie d'écrire à ma prof d'italien du lycée. Ca m'a pris comme ça, alors que je parcourais un ancien manuel de grammaire italienne. Et si je lui écrivais une lettre pour la remercier ? Après tout, elle m'a appris quasiment tout ce que je sais aujourd'hui, et c'est grâce à elle si j'arrive si bien à me débrouiller en langue. Elle était un peu dure, mais c'était vraiment une bonne prof, pédagogue, à l'écoute. C'est aussi peut-être un peu grâce à elle que je suis là aujourd'hui. Etc.
    Je ne savais pas si elle enseignait toujours dans mon ancien lycée (ça fait presque 10 ans maintenant que j'en suis partie...). Je me suis dit tant pis, je lui écris là-bas et ils transmettront.
    Par réflexe, je tape quand même son nom sur Google. Boom, je la retrouve dans la liste des profs du lycée Henri IV de Paris ! Belle promotion ! Ca ne m'étonne pas finalement, l'éducation nationale a besoin de profs comme elle.
    Il y avait son adresse mail. Je lui ai donc écrit un long mail, racontant mon parcours depuis le bac, ma passion pour l'Italie et ma décision de venir m'y installer. J'espère qu'elle se rappellera de moi et qu'elle me répondra.

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